"Le tourisme spatial, feu de paille ou horizon ultime du voyage", table-ronde animée par Gilles Dawidowicz
Le tourisme spatial en 2075
Pour imaginer quelles formes de tourisme spatial existeront en 2075, il faut prendre en considération trois facteurs qui sont fondamentaux quand on aborde le sujet du spatial, à savoir : l’économie, l’énergie et la population.
D’après les prospectives faites en ces trois domaines, voici ce qu’elles pourraient être pour l’année 2075.
- L’économie et l’ordre mondial s’articule autour des « Big 3 » que sont désormais : l'Inde, la Chine et les États-Unis. La totalité de leur PIB à eux trois atteint en 2075 le chiffre stupéfiant de 50 000 milliards de dollars. Cette puissance financière, leur permet de dominer, entre autres, l’industrie spatial et de profiter des formidables retombées économiques dont les métaux rares qui depuis les années 2070, conforte leur position dominante. Il faut préciser qu’au cours de cette période, l’Amérique de Trump dans le domaine spatial a passé des accords avec la Russie, notamment pour accélérer sa course à la Lune et Mars et donc de distancer son principal concurrent qu’est la Chine.
- En 2075, les énergies renouvelables, notamment l'énergie solaire et/ou nucléaire, dominent le paysage énergétique, offrant désormais une source d'énergie propre, abondante et à des prix plus qu’abordables.
- Enfin, confortant les prévisions du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, la population mondiale atteint 12,5 milliards de personnes en 2075. Alors que la saturation démographique est à son paroxysme, et ce bien que le taux de croissance de la population mondiale commence à décliner, grâce aux progrès de la recherche médicale et de la bio-ingénierie. L’espérance de vie atteint en effet des niveaux sans précédent du fait des avancées en matière de thérapies anti-âges, de médecine régénératrice et des améliorations génétiques, notamment via le développement des organes artificiels. Cette saturation démographique, implique désormais de coloniser l’espace comme l’ont toujours prédit Elon Musk et Steve Bezos.
Ces trois caractéristiques peuvent expliquer que les années 2075 pourraient être synonymes de « vacances spatiales et de vies plus longues et plus saines ».
Le cheminement du tourisme spatial jusqu’en 2075
En 2075, si le tourisme spatial comme nous le verrons s’est tant développé, c’est qu’il a résolu ses principaux problèmes (prix, environnement, législation, et énergie) qui constituaient les freins à sa croissance.
Prix
Les vols spatiaux sont devenus au cours de la période 2025-2075, beaucoup plus accessibles grâce à des avancées technologiques notamment au niveau des carburants, des capacités, des assurances et des méthodes de financements.
- Au niveau des carburants
Grâce à la propulsion nucléaire, les fusées sont capables d’atteindre des vitesses ahurissantes de 500 000 mph et de générer des poussées beaucoup plus importantes permettant de diviser le temps de voyage par deux ou trois. De plus la maîtrise du nucléaire a pour conséquence de réduire les coûts de l’énergie de plus de 100%.
- Au niveau des capacités
Comme l’avait prévu l’ingénieur Burt Rutan (qui a permis au SpaceShip One de Richard Branson de remporter les 10 millions de dollars du Ansari X Prize en atteignant en 2005 par deux fois les 100 kilomètres d’altitude) : « un spaceliner commercial pourrait faire voler jusqu’à 500 astronautes la première année. Après cinq ans d’exploitation, il pourrait embarquer 3 000 personnes par an et au bout de la douzième année d’exploitation, entre 50 000 et 100 000 personnes pourraient avoir eu le plaisir indescriptible de voir la terre au cours d’un vol suborbital. » C’est quasiment chose faite en 2075 où la majorité des vaisseaux spatiaux destinés au tourisme ont des capacités entre 50 et 250 places, permettant, comme cela a été le cas pour l’aviation, de réduire le coût par siège.
- Au niveau des coûts d’assurance
Sachant que depuis 2030 le marché mondial de l’assurance spatiale croît à un TCAC moyen de 20 %, les vols spatiaux ayant généré environ 3 000 milliards de dollars de revenus depuis 2040, les assureurs disposent désormais de solides bases de chiffres leurs permettant de disposer d’actuaires solides. De plus, conscient de la valeur ajoutée que peuvent leur apporter le tourisme spatial, les assureurs ont diminué fortement leurs primes permettant ainsi aux voyageurs spatiaux de disposer de tarifs enfin abordables.
- Au niveau des méthodes de financements
L’efficacité de la blockchain a permis de nouveaux systèmes de financement des voyages spatiaux par l'investissement collectif, répartissant les coûts entre des millions de personnes et leur offrant en retour une participation au développement des vacances spatiales et à l'exploration de nouveaux mondes. Cette démocratisation du financement de l'exploration spatiale a entraîné un essor sans précédent des missions, faisant du voyage spatial une réalité courante.
Écologie
Sous la pression des écologistes et convaincu que la génération qui voyagera dans l’espace sont ceux de la génération des 18/30 ans, voire même 40 ans, génération plus impliquée dans la protection de leur environnement que dans la conquête spatiale, des efforts sans précédents ont été réalisés au niveau de la protection environnementale tout au long de la période 2025-2075.
- Réduction des débris spatiaux
Dans les années 2020/2025 la masse totale des débris dans l’espace avoisinait les 9 000 à 9 500 tonnes pour un peu plus de 35 000 objets de plus de 10 cm.
Suite logique de l’observation, de la surveillance, des bases de données et de la problématique du développement des débris, une nouvelle branche du spatial voit le jour, celle concernant des actions de préservation de l’espace, à la grande satisfaction des écologistes.
Depuis cette période (2030/2035), de nombreuses sociétés appelées, « les nettoyeurs de l’Espace » se partagent désormais un marché estimé en 2075 à plus de 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel. Parmi les sociétés leadeurs sur ce marché, citons : ClearSpace, SpaceBlower, StartRocket, TransAstra, la société japonaise Astroscale…
Différentes techniques sont employées pour réduire ou détruire ces débris : la technique du harponnage, la capture électromagnétisme, la destruction par laser, la propulsion de mousse polymère sur les déchets spatiaux, la technique de la force électrostatique attractive ou répulsive… auxquelles il faut ajouter la création de « garage de l'espace » qui assurent la maintenance et le recyclage des satellites vieillissants afin d’éviter leur transfert vers une orbite cimetière et donc augmenter le nombre de débris.
- Système de lancement électromagnétique
Grâce à la Chine et sa société Galactic Energy, une entreprise aérospatiale privée, un grand nombre d’acteurs spatiaux ont privilégié depuis les années 2050, la technique des « rampes de lancement électromagnétiques ».
Cette technique, beaucoup moins chère que les lancements traditionnels, permet de réduire nettement les impacts écologiques et une fois les fusées lancées, de consommer moins de carburant, car elles atteignent rapidement des vitesses élevées. De plus cette technologie permet de doubler la capacité de charge utile des vaisseaux et donc de réduire le nombre de lancements.
Les lois
Face à l’encombrement du ciel (10 000 satellites actifs en 2025) et donc des risques de collisions, on peut dire que depuis la période 2025/2030, les états ont pris conscience de cette problématique.
- Prise de conscience
Depuis la période 2025/2030, les états ont pris conscience de cette problématique. Preuve en est : en 2025 et pour la première fois l’Agence spatiale européenne dispose d’un « ingénieur en débris spatiaux ». Autre preuve : la future promulgation du Space Act Européen qui : « fournira un cadre commun qui garantira une approche cohérente, à l'échelle de l'UE, sur des questions de sécurité et de durabilité spatiales tout en abordant le problème croissant des débris spatiaux et l'impact environnemental des activités spatiales ».
- Développement de lois basées sur de nouveaux principes
Devant cette situation et la dégradation environnementale et malgré les pays réfractaires que sont les États-Unis, la Chine et la Russie, on voit apparaître les prémisses de nouvelles lois basées sur les principes suivants :
- Principe de la taxation pour financer la destruction des débris. Ainsi, les économistes de la University of Colorado Boulder ont calculé qu’une taxe de 211 000 euros sur les satellites, pourrait régler, une bonne fois pour toutes et avant qu'il ne dégénère, le problème des débris spatiaux. Également, l’étude de la mise en place d’une taxe appelée « Spinlaunch » appliquée non aux lancements mais à l'utilisation d'une orbite, qui serait associée à des obligations plus cadrées en matière de désorbitation des objets spatiaux.
- Principe de la « caution » obligeant les opérateurs à déposer une caution pour financer une mission de nettoyage dans le cas où leur satellite deviendrait subitement hors service. Caution qui bien entendu leur serait rendue si tout se passait bien et qu’ils assurent eux-mêmes l’enlèvement des débris.
- Principe du « pollueur payeur » a du mal à passer et le bras de fer continu, entre les sociétés spatiales et leurs gouvernements.
- Montée en puissance des sanctions pour non-application des lois
Depuis que l'opérateur Dish a écopé d'une amende de 150 000 dollars en 2023 pour n'avoir « pas correctement désorbité » un satellite nommé EchoStar-7, on note une montée en puissance de l’application des sanctions lorsque le cas se présente selon « La Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par des objets spatiaux » (Convention sur la responsabilité). Il est clair également que la promulgation du Space Act Européen, les nouvelles lois et la multiplication des incidents, conséquences inévitables du développement des lancements sont à l’origine de cette nouvelle sévérité.
Carburants moins coûteux et moins polluants
On note depuis quelques années une accélération dans la recherche de carburants moins couteux et moins polluants donc plus écologiques, appelés communément « les carburants verts ». Parmi ceux-ci, citons : l’écosene, le biopropane, le butanol, le Green Monergol, l'AF-M315E, la paraffine…
Au cours de la période 2030-2070, et avant que l'énergie solaire et/ou nucléaire, dominent en 2075 le paysage énergétique, de nombreuse études et expériences ont été menées comme par exemple : un carburant à base de gaz naturel liquéfié (GNL), composé à 97% de méthane liquide, mélangé à de l’oxygène liquide utilisé par la société américaine Relativity Space et la Chine.
Par rapport aux carburants traditionnels (kérosène, hypergol, …), le méthane s'avère à la fois moins cher et moins polluant car il ne laisse que peu de déchets derrière lui, ce qui facilite aussi l'entretien des moteurs.
Autre approche, basée sur les prédictions de Stephen Hawking, le moteur à Plasma, moteur qui n’a besoin ni d’essence, ni d’électricité, ni d’hydrogène. Le secret réside dans l’utilisation du plasma, un gaz ionisé qui se comporte de manière unique.
Enfin autre et dernier exemple, les essais tentés par Elon Musk pour extraire du dioxyde de carbone (CO₂) de l'atmosphère terrestre, ceci dans le but d'en faire un carburant pour des fusées.
Cette technique permet de réduire la présence de CO₂ dans l’atmosphère et limiter le réchauffement climatique, mais également d’utiliser un carburant inédit pour l’aérospatial, qui réduirait donc les émissions de ce domaine hautement polluant.
C’est grâce à ces actions menées tout au long de cette cinquantaine d’années, qu’en 2075 le tourisme spatial a enfin trouvé sa plénitude, grâce notamment à la résilience, la détermination, la persévérance et la volonté de femmes et d’hommes comme : Anousheh Ansari, Peter Diamandis, Eric C Anderson, Jeff Bezos, Robert Bigelow, Richard Branson, George French, Beth Moses, Elon Musk, Burt Rutan…
Imaginons ce que pourrait être le tourisme spatial en 2075
En 2075, une chose est sûre et certaine, qui marque une étape importante dans le cheminement de cette activité : le tourisme spatial est désormais largement entré dans les mœurs.
Nous ne sommes pas médium comme Inbaal Honigman, bien connue outre-manche pour ses prédictions, souvent justes et qui a déclaré dernièrement dans les tabloïdes que : « les britanniques en 2075 passeront leurs vacances dans l’espace et sur la Lune ».
Mais, en tant que passionné et accessoirement spécialiste depuis plus de vingt ans du tourisme spatial, en nous basant sur des constats, des réflexions de scientifiques et des observations d’experts, voici ce que pourrait devenir le tourisme spatial en 2075 : une industrie florissante, générant des milliards de dollars et créant des millions d'emplois, des opérateurs touristiques aux techniciens d'ingénierie, en passant par les professionnels de santé.
On estime en tenant compte de la trajectoire de croissance exponentielle du tourisme spatial que celui-ci pourrait atteindre plusieurs centaines de milliards de dollars, voire dépasser le trillion, si la tendance se maintient. En tenant compte d’un scénario médian, environ 15 à 20 millions de personnes pourraient effectuer un voyage spatial en 2075, dont annuellement entre 2000 et 6000 de touristes lunaires.
L’année 2075 dans le domaine du tourisme spatial est avant tout celle des voyages sur la Lune, des hôtels spatiaux, des stations spatiales « multi-services » et la multiplication incroyable des vols suborbitaux.
La Lune
Les prédictions suggèrent que d'ici 2075, les voyages touristiques vers la Lune seront courants. En moyenne, environ deux navettes mensuelles de 200 à 250 touristes devraient alunir pour des séjours de 4 à 5 jours.
Des stations lunaires permanentes pourraient offrir aux touristes spatiaux des expériences immersives, incluant des promenades guidées sur la surface lunaire, des randonnées, des observations des aurores boréales terrestres des séjours dans des « pods » de villégiature capable de générer leur propre atmosphère.
Ces stations pourraient également servir de bases pour des lancements vers Mars ou d'autres destinations spatiales, renforçant l'idée d'une expansion humaine au-delà de l'orbite terrestre.
Les futures bases lunaires pourraient être partiellement enterrées ou dans des tunnels de lave pour protéger les astronautes des radiations cosmiques, mais elles seront probablement toujours visibles depuis la surface.
Grâce à Xiaochen Zhang, scientifique planétaire et chercheur doctorant en utilisation des ressources lunaires au Centre européen d'innovation des ressources spatiales (ESRIC) au Luxembourg, la technique qu’il a mis au point a permis de traiter la poussière lunaire directement sur la Lune et la transformer en matériau de construction utilisable en impression 3D.
C’est ainsi grâce cette méthode, que le Lunar Hilton, premier hôtel lunaire sur les trois existants, s’est construit en 2072.
Situé près du cratère Shackleton, à une cinquantaine de kilomètres du radiotélescope lunaire, le Lunar Hilton, fort de 500 chambres, chauffées à l’énergie solaire est l’aboutissement d’études menées depuis les années 2 000.
Il faut savoir que l’on ne peut pas aller n'importe où sur la Lune. La NASA a identifié 14 sites possibles, compte tenu des contrastes de températures très forts. On passe de plus de 100° le jour à -100° la nuit. Et de plus, il faut des lieux qui soient donc, en termes d'éclairement, relativement propices au maintien d’une certaine stabilité.
Soulignons que le personnel de l’hôtel est issu de l’école de management hôtelier de l’Institut de Technologie de Rochester (USA) qui depuis 2020 a mis à son programme un cours de « développement du tourisme spatial ». Les élèves y étudient la physique orbitale, la psychologie du client en orbite, la gestion des vols spatiaux… et bien entendu le service en apesanteur !
La Lune possédant de l’eau de glace, dans les zones ombragées en permanence des énormes cratères qui parsèment les régions polaires de la Lune, comme l’avait découvert en 2012, la sonde indienne Chandrayaan-1, on peut donc extraire de cette eau de glace de l'oxygène et l'utiliser pour faire pousser des plantes. Ce qui explique les immenses champs agricoles entourés de panneaux solaires (envoyant l'énergie électrique nécessaire, grâce à un système micro-ondes sans fil) et les fermes de haute technologie qui devraient permettre d’ici 2080/2090 d’accueillir les premières colonies permanentes sur la Lune et préparer celles qui iront par la suite sur Mars, comme l’avaient envisagé Bezos et Musk.
Ainsi en 2075, existe sur la Lune, un écosystème florissant composé de multiples bases réparties sur différents sites - non seulement au pôle Sud, mais aussi sur la mystérieuse face cachée - où des ateliers locaux d'exploitation des ressources fourniront aux occupants de ces stations (bases et hôtels) de l'eau et des matériaux de construction, ainsi que du titane et de l'aluminium pour la fabrication de pièces de vaisseaux spatiaux endommagés.
Le tournant de cette année 2075 sera la naissance du premier bébé sur la Lune, ce qui fait dire à Giuseppe Reibaldi, le conseiller italien en politique spatiale et président de la Moon Village Association : « Cela démontrera si l'humanité peut survivre indépendamment de la Terre ».
Les hôtels spatiaux
On ne peut parler des hôtels spatiaux sans rendre un hommage particulier à Robert Bigelow qui fonde des 1999 Bigelow Aerospace. Aidé par Lockheed Martin, le magnat américain de l’immobilier et de l’hôtellerie (Hôtels Budget Inn/Budget Suite of America) prend une part active dans le tourisme spatial en se plaçant résolument sur le créneau des hôtels spatiaux, via ses « capsules gonflantes ». Malheureusement il ne pourra mener à bout son grand dessin : la construction de son propre hôtel : le CSS Skywalker (Commercial Space Center Skywalker) à cause de la crise financière due au Covid.
Néanmoins nombreux sont ceux qui ont pris le relais et la période 2035/2070 a vu fleurir dans l’espace les hôtels spatiaux au nombre d’une dizaine en 2075.
Parmi ceux-ci, citons :
- Le Galactic Suite Space Resort, filiale de la société espagnol Galactic Suite Group à capitaux américains crée en 2007, est composé de six « chambres » pour quatre modules interconnectés à une zone centrale. Les chambres mesurent 7m de long et 4 m de hauteur. Le Galactic Suite programme deux à trois voyages dans l’espace par semaine, accueillant environ 500 à 600 touristes par an. Touristes dormant à 650 kilomètres au-dessus de la Terre et faisant le tour de la planète en 80 minutes tout en admirant le lever du soleil quinze fois par jour ! À noter que Galactic Suite met également à disposition le tout premier spa de l’espace. Le client entrera dans un conteneur sphérique ou il évoluera en apesanteur avec une bulle d’eau de 20 litres !
- L’entreprise américaine Orbital Assembly Corporation (OAC) et son hôtel spatial « Voyager Station » peut accueillir jusqu’à 400 visiteurs à la fois, sans besoin de formation spécifique. En effet sa caractéristique majeure est que ‘’Voyager Station’’ tournant sur elle-même, la majeure partie de l'hôtel sera soumise à une gravité artificielle, permettant ainsi aux clients de vaquer à leurs occupations comme ils le feraient sur terre. L’hôtel effectuera un tour complet de la planète toutes les 90 minutes, à une altitude de 1900 kilomètres et comprendra : un cinéma, un spa, un centre de fitness et même un terrain de basket adapté à la gravité réduite.
- L’hôtel spatial Aurora, de la société américaine Orion Span, gravite en orbite terrestre basse à plus de 320 km d'altitude et peut accueillir une cinquantaine de client. Mais l’hôtel Aurora présente la caractéristique que pouvant être extensible, il propose dès 2070 la location-vente d’appartements. En 2075, sur les 10 appartements proposés, 8 ont déjà trouvé preneurs.
- Depuis 2010, la compagnie russe Orbital Technologies travaille sur son hôtel spatial. En fonction depuis 2070, grâce à un joint-venture avec les chinois, le « Commercial Space Station » peut accueillir jusqu’à 10 clients à son bord. Son approche « produit » est assez innovante puisque son approche et son objective est de proposer des excursions journalières à partir de l’hôtel.
Avec de l’imagination tout peut devenir possible et notamment avec l’arrivée dans l’espace au cours de 2075 de dérivés d’hôtels spatiaux. Quelques exemples :
- Dans le cadre du développement du programme spatial des Émirats arabes unis, ceux-ci s’apprêtent à lancer avec la collaboration de Virgin Galactic, dont ils sont actionnaires majoritaires, le premier hôpital spatial : l'« Emirates Space Hospital » . « Les astronautes recevront des soins médicaux dans l'espace, mais tous les traitements seront contrôlés de la Terre en utilisant la nanotechnologie et l’IA » a déclaré le Ministère de l’Espace des Émirats arabes unis.
- Reprenant une vielle idée du feu patron de Playboy, Hugh Hefner, les Émirats arabes unis en collaboration avec Space X ont lancé un « hôtel club », construit sur une immense roue qui crée une gravité artificielle. Outre la partie traditionnelle hôtelière, est intégrée une partie Casino avec des machines à sous « spatiotemporelles », des roulettes « cosmiques » et des jeux de cartes « intergalactiques ». Ainsi qu’un grand restaurant et une boîte de nuit.
- Les travaux concernant le « Rosenberg Space Habitat » de SAGA Space Architects, sont quasiment terminés en cette année 2075. Il s’agit d’une base spatiale à une centaine de kilomètres de la Lune, qui présente la particularité d’être la première copropriété de l’espace et qui selon son concepteur Sebastian Frederiksen, fondateur de SAGA : « est à la pointe de la technologie en matière d’habitats spatiaux analogiques ».
La copropriété mesure environ vingt mètres de haut et compte trois étages qui servent à des fins différentes : le rez-de-chaussée est exclusivement destiné à la recherche, abritant un laboratoire, les deuxième et troisième étage offrant un espace de vie et de loisirs. Bien entendu des navettes sont prévues entre le « Rosenberg Space Habitat » et la Terre et la Lune. Il est envisagé pour les 10 prochaines années, la construction de plusieurs unités d’une centaine d’appartements qui devraient être terminés, pour les premières unités en 2080.
Les stations spatiales « multi-services »
Les stations spatiales « multi-services » ou « multi-modales » que l’on a vu se développer de manière importante dans l’espace à partir des années 2050 présentent une double caractéristique : contrairement aux vols suborbitaux de tourisme spatial, lancés par le secteur privé, ces stations spatiales multi services se font pour la plupart dans un cadre financier public-privé, et comme l’indique leur nom elles sont composées de différents modules, l’un consacré à la recherche et les expériences, un autre pour l’assistance technique et les réparations pour les objets volants dans l’espace (satellites, stations, fusées…) un autre enfin pour les touristes.
Rappelons que cette idée a germé lorsque qu’a été envisagé la fin de l’ISS, d’où la signature de contrats début 2000 par la Nasa avec trois compagnies privées pour l’aider à développer des stations spatiales, dans le cadre du programme de développement commercial LEO (Low Earth Orbit).
Pour de nombreux experts, elles pourraient, du moins à moyen terme, prendre le pas sur les hôtels spatiaux classiques.
Parmi la vingtaine en activité, citons les plus importantes, à savoir :
- L’entreprise Axiom Space créée en 2016 a bénéficié pour démarrer d’un contrat de 140 millions de dollars dans le but d'installer un module sur la station spatiale internationale, au port d'amarrage avant du module Harmony de l’ISS.
La station spatiale d’Axiom Space, lancée en 2060 avec des lanceurs indiens, est composé de trois modules, destinés : au tourisme (habitat d'équipage), à la recherche (installation de recherche), et à l’observation terrestre (observatoire doté d’une très grande fenêtre) et la manufacture spatiale.
La station est située à 900 km d’altitude et peut recevoir dans son module tourisme un peu plus d’une dizaine de passagers.
Chaque cabine a été imaginée avec soin pour que l’on s’y sente bien : « J’ai eu envie de créer une sorte d’œuf confortable, agréable avec des murs en harmonie avec les mouvements du corps humain en apesanteur. Comme une première approche de l’infini. Le voyageur devrait physiquement et mentalement se sentir flotter dans l’univers » a expliqué Philippe Starck, le designer auquel a fait appel Axiom Space.
- Orbital Reef est le nom donné à la station spatiale par Blue Origin. Dans cette entreprise, Blue Origin s’est associé à Sierra Space Nevada Corporation, mais aussi à Boeing, Redwire Space, Genesis Engineering Solutions, Arizona State University et Amazon. Orbital Reef planant à environ 500 km au-dessus de notre planète, est exploité comme un « parc d'activités à usage mixte » dans l'espace qui peut être utilisépour une grande variété d'applications commerciales. Parmi ces utilisations figurent la recherche et la fabrication commerciales, le tourisme spatial et les projets de médias et de divertissements.
Au cœur de la station se trouve la structure « Core », complétée par un habitat gonflable innovant développé par Sierra Space. Ce module extensible, baptisé « Large Integrated Flexible Environment » (LIFE), abritera la plupart des espaces de vie et de travail de la station.
À son lancement, l’espace consacré au tourisme pouvait accueillir une dizaine de passagers, mais grâce à conception modulaire qui permet une expansion de la station, c’est environ en 2075, plus d’une cinquantaine de passager qui se trouvent à bord d’Orbital Reef et, d’après les ingénieurs ce n’est qu’un début…
Concernant la Chine et la Russie, après avoir mis en place leurs stations spatiales, « Tiangong » et « Ross », ils commencent dès les années 2040 à programmer des stations spatiales « multi-services », qui deviennent opérationnelles en 2060. Néanmoins concernant la clientèle privée pouvant y accéder, celle-ci demeure encore marginale, puisque les modules qui y sont consacrés ne peuvent recevoir qu’entre quatre et dix passagers.
L’Inde tout comme la Chine s’étant plus orienté vers le militaire et la recherche, mettra en service une véritable station « multi-services » qu’en 2065 pouvant accueillir 50 touristes. En 2075, l’Inde a déjà 3 stations de ce type en activité, tout comme la Chine et la Russie !
Les vols suborbitaux
Si Blue Origin et Virgin Galactic continuent « leurs escapades à 100 km de la terre » avec des vols tri-quotidien, grâce désormais à l’augmentation de la capacité de leurs vaisseaux (50 à 100 personnes) et à la baisse des prix (quelques milliers de dollars pour un siège) faisant partir chaque année des milliers de touristes, copiés en cela par de nombreuses compagnies concurrentes.
Avec ce développement des vols suborbitaux, il nous faut aussi parler des space-ports, - près d’une centaine à travers le monde de 2075 - qui sont devenus de véritables « zones touristiques » drainant des dizaines et des dizaines de milliers de visiteurs chaque jour et employant des milliers de salariés faisant du spatial quasiment un des premiers bassins d’emplois, allant de l’ingénieur au vendeur de goodies.
Chaque space-port dispose en effet de ses hôtels, de ses centres de conférences, de ses restaurants, de ses centres de formation, de ses parcs d’attractions… donnant raison à l’expert du spatial, Marcin Frąckiewicz, qui en 2020 déclarait : « Alors que la demande d’activités liées à l’espace continue de croître, les ports spatiaux deviennent une opportunité commerciale plus attrayante. Il est conseillé aux entreprises de tenir compte du potentiel des spatioports et des possibilités qu’ils offrent aux entreprises de capitaliser sur l’économie spatiale », conforté en cela par le PDG de Virgin Galactic, Michael Colglazier qui à l’époque de l’inauguration de Spaceport America au Nouveau Mexique en octobre 2011, déclarait « la société générer jusqu’à 1 milliard de dollars de revenus annuels par port spatial dans les années à venir ».
Pour conclure, cet exercice de prospective, le tourisme spatial en 2075 est devenu une réalité captivante, marquant une étape importante dans l'exploration humaine et l'utilisation commerciale de l'espace.
En 2075, les voyages spatiaux sont devenus une véritable lueur d'espoir, démontrant qu'avec les technologies adéquates, même le ciel n'est plus une limite.
En 2075, le tourisme spatial offre des expériences uniques et variées, tout en respectant un parfait équilibre entre l'innovation, la durabilité et la sécurité.
Mais ce qui distingue véritablement le voyage spatial de 2075, c'est la joie qu'il procure à l'humanité. Désormais l'IA ne se contente plus de piloter les vaisseaux spatiaux ; elle enrichit l'expérience du voyage spatial. À bord, des « compagnons IA » répondent aux besoins des passagers en proposant des visites éducatives du cosmos, des divertissements personnalisés et même un soutien émotionnel, rendant le voyage aussi agréable que la destination.
Et puis 2075, marque le départ de la colonisation vers Mars. Une nouvelle étape de la fabuleuse histoire du tourisme spatial s’ouvre désormais depuis qu’en 1954 Thomas Cook ce vénérable voyagiste lançait un « Enregistrement pour la Lune » qui recueillit près d’un millier de candidatures !
Plus que jamais, méditons cette phrase de Constantin Édouardovitch Tsiolkovski, le père et le théoricien de la cosmonautique moderne : « La Terre est le berceau de l'humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau ».
Michel Messager
21/04/2025
L'avis de Nomade Aventure
Je dois bien le confesser : il y a quelques années encore, je caressais l’espoir, voire le projet, que Nomade Aventure puisse, un jour, proposer des voyages dans l’espace. Pas en construisant nos propres lanceurs et capsules, bien évidemment – de même que notre activité de voyagiste n’implique pas que nous soyons constructeur aéronautique ni hôtelier.
Mais en commercialisant des vols orbitaux, et qui sait, un jour, lunaires, opérés par des entreprises spécialisées. Après tout, je n’étais pas le premier, au sein du groupe Voyageurs du Monde, auquel Nomade Aventure appartient, à y penser : en 2007, Voyageurs du Monde, premier agent agréé français de Virgin Galactic, avait lancé voyageursdanslespace.com afin de « participer à cette aventure extraordinaire et offrir aux Français qui rêvent de devenir les prochains pionniers de l’espace, la possibilité de concrétiser leur rêve. ». Las, entre retards (considérables) dans la mise au point de l’appareil de Virgin Galactic (le premier vol suborbital n’aura finalement lieu qu’en 2021) et… prise de conscience du problème environnemental soulevé par ces vols, le partenariat avait fait long feu.
Pas de quoi me décourager totalement pour autant. Mon intérêt venait de loin, de beaucoup plus loin que le premier « touriste spatial » (l’américain Dennis Tito, en 2001).
À l’âge de 11 ans, déjà passionné par ce qu’on appelait encore la « conquête spatiale », j’avais eu la chance de remporter un concours sur ce thème organisé par le magazine Pif Gadget. Et le premier prix, que j’avais donc gagné, consistait en un voyage d’une semaine en URSS, en avril 1980, sur le thème de l’espace, dont la visite de la Cité des Étoiles (où j’ai rencontré Pavel Popovitch, le 4ème cosmonaute soviétique), de Kalouga, et de la maison de Korolev, le mythique fondateur du programme spatial soviétique, à Moscou ! Un rêve absolu pour le gosse que j’étais. La vie a voulu que je ne devienne pas astronaute, mais, en 2019, j’ai converti ce rêve en commençant de créer une petite gamme de voyages « spatiaux » au sein de l’offre de Nomade Aventure, afin de m’adresser à tous, petits et grands, enfants qui rêvent de marcher sur Mars aussi bien que ceux qui se souviennent avoir entendu à la radio le bip-bip de Spoutnik 1 ou s’être relevé la nuit pour voir marcher Armstrong sur la Lune.

Est-ce du « tourisme spatial » ? Pas dans l’acception commune, évidemment, puisqu’on ne quitte pas la Terre, et qu’il s’agit en fait de voyages commémoratifs, historiques, culturels, sur l’histoire et l’actualité de l’exploration spatiale. Des voyages qui permettent de : 1. visiter des sites liés à l’espace (en Russie – notre tout premier voyage, actuellement suspendu – notamment la Cité des Étoiles ; aux États-Unis le Johnson Space Center et le Kennedy Space Center ; en Guyane le Centre Spatial Guyanais ; et en France et Allemagne l’European Astronaut Centre, le CNES et des start-up françaises…) ; 2. d’assister à des lancements (Falcon 9 et SLS du programme Artemis aux États-Unis, Ariane 5 et maintenant 6 en Guyane) ; 3. d’être accompagné par des astronautes (Jean-Pierre Haigneré pour la Russie et la Guyane, Michel Tognini pour les États-Unis) ou des experts du spatial. Une gamme tellement originale, et même unique en France, qu’elle nous a valu de recevoir, le 7 juillet 2022, un « Trophée de l’innovation du tourisme » dans la catégorie « Production ».

En 2019 (année du lancement de nos voyages spatiaux mais aussi du cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune), pour notre toute première newsletter « poisson d’avril » (tradition à laquelle nous sommes restés fidèles depuis), j’avais d’ailleurs choisi d’annoncer la mise en vente du tout premier « trek lunaire » :
« No limit. C’est désormais notre devise. Enfin, ça pourrait, du moins. Car, non contents de vous proposer, depuis quelque temps, une gamme de plus en plus ébouriffante de voyages d’exception… sur Terre, nous avons décidé d’être les premiers à proposer un trek… sur la Lune.
Oui, vous avez bien lu : Nomade décroche la Lune pour vous. Une première mondiale (forcément) que tout le secteur du voyage d’aventure nous envie déjà (ça c’est moins sûr). Bon, il vous faudra être patient(e) : le départ est prévu en 2029. Et économe, car ce n’est pas donné (mais 100€ de réduction si vous devinez pourquoi ce prix de vente un peu particulier…).
Donc, en attendant, n’hésitez pas à vous préparer, en vous inscrivant sur l’un de nos deux fantastiques voyages sur le thème de la conquête spatiale… sur notre bonne vieille Terre. « 12, 11, 10, 9… ignition sequence start… 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0… All engines running. Liftoff ! ».
Au clic, l’internaute arrivait sur un vrai-faux voyage : un itinéraire et un descriptif crédibles (imaginé et rédigé par le planétologue Charles Frankel), un prix presque abordable (768 800€, soit deux fois la distance moyenne Terre-Lune ! mais hors vol jusqu’à la Lunar Orbital Platform), une date crédible (21 juin 2029) : il n’en fallait pas plus pour que certains internautes nous prennent au sérieux !
Mais revenons à la réalité. Où en suis-je aujourd’hui de ces réflexions concernant le tourisme spatial ? Pour répondre à la question de ce chapitre, je crois en effet que le tourisme spatial aura pris un certain essor en 2075. Il sera probablement encore très loin des images de science-fiction qui existaient déjà il y a 30 ou 50 ans, avec vastes hôtels orbitaux et resorts lunaires, et que certains promoteurs du tourisme spatial continuent aujourd’hui de promettre à échéance de quelques années. Il sera passé par des crises, voire des coups d’arrêts brutaux : le premier accident mortel impliquant des touristes, la faillite des pionniers du secteur (SpaceX, Axiom Space…) qui n’ont, en réalité, pas encore trouvé de modèle économique viable, une régulation stricte… Mais, comme pour l’aéronautique dans la première moitié du XXᵉ siècle, je pense qu’il s’en remettra à chaque fois, redémarrant autrement, avec d’autres acteurs, trouvant de nouvelles solutions et modalités.
Pour autant, aujourd’hui, après une phase d’engouement (en 2019, une consultation menée auprès de 14 000 Européens, dont 2 500 Français, montrait que 76% des Français aimeraient pouvoir voyager dans l’espace – même si 56% d'entre eux avouent qu’ils auraient peur), le « tourisme spatial » fait de plus en plus polémique car il peut sembler être, non seulement un indécent hobby de milliardaire, mais de plus une gabegie écologique. Le sociologue et député Arnaud Saint-Martin le pourfend par exemple dans son livre « Les astrocapitalistes » (Payot, 2025) et dans cet article, et, si je ne partage pas toutes ses conclusions (notamment son opposition au vol habité en général), je le rejoins sur certaines critiques.
Aussi, aujourd’hui, Nomade Aventure ne cherche plus à proposer du tourisme spatial à proprement parler (orbital ou suborbital), mais, d’une part toujours des voyages sur le thème de l’espace, d’autre part des vols en ballons stratosphériques (à environ 30 km d’altitude, la limite de l’espace étant à 80 ou 100 km selon les définitions), procurant une expérience « douce », prolongée, quasi-spatiale dans la mesure où l’on est au-dessus de 99% de l’atmosphère, dans le noir de l’espace, et autour de laquelle on peut aménager un itinéraire de découverte de la région du monde d’où l’on s’est envolé. Et surtout des vols… presque sans impact environnemental. C’est encore très cher (170 000€…) mais peut-être, en 2075, cela sera-t-il à peine plus cher qu’un vol en montgolfière ? À suivre…